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La chaîne de suspension - Dans l'armement celtique, la suspension de l'épée constitue un élément essentiel et caractéristique. Contrairement aux systèmes plus tardifs (romains ou médiévaux), les Celtes utilisaient un dispositif de chaîne métallique (attesté) ou éventuellement de sangles en cuir tressé (hypothèse non démontrée archéologiquement, le cuir ne se conservant que dans des conditions exceptionnelles), permettant de porter l'arme presque horizontalement.

Généralement en fer ou en bronze, la chaîne de suspension était reliée au pontet situé sur l'emboîture du fourreau, et non à la bouterolle. Il s'agissait le plus souvent d'un système asymétrique, comportant deux chaînes (l'une courte, l'autre un peu plus longue), permettant à l'épée de basculer. Ce dispositif assurait la fixation du fourreau à la ceinture du guerrier (ou au baudrier) tout en autorisant une mobilité rotative, facilitant le dégainage dans des postures dynamiques. Le système est évoqué par Diodore de Sicile, dans sa Bibliothèque historique (V, 30, 6). Il s'agit du seul témoignage antique mentionnant explicitement un dispositif de suspension par chaînes.

Le système de chaîne permettait au fourreau de suivre les mouvements du corps, relevant naturellement l'épée lorsqu'un guerrier s'accroupissait ou s'agenouillait, évitant ainsi l'enlisement ou les chocs avec le sol ou l'environnement. Il s'agit d'un mécanisme adaptatif caractéristique de la mobilité tactique celtique.

L'usage de ce système ne semble toutefois jamais avoir été généralisé. Compte tenu de la technicité du dispositif et du coût des matériaux (fer ou bronze), il était probablement réservé à une élite guerrière, capable de se procurer un tel accessoire. Cela suggère que la chaîne de suspension constituait non seulement un élément fonctionnel, mais aussi un marqueur de statut au sein de la société celtique.

Des dispositifs de suspension par chaîne sont attestés dans plusieurs tombes de La Tène moyenne, notamment à Kirkburn (Yorkshire, IVᵉ s. av. J.-C.), Portes-de-Fer (Bourgogne) ou encore sur les sites lacustres de la région de La Tène (Suisse). Les chaînes retrouvées sont généralement constituées de maillons en fer ou en bronze et fixées au pontet via des anneaux métalliques. Dans certains cas, la disposition asymétrique (deux points de fixation) est archéologiquement observable, confirmant un système modulable. Ces découvertes témoignent de la spécificité de ce dispositif dans l'armement celtique de La Tène moyenne.

Ce mode de suspension disparaît progressivement à partir de La Tène finale (IIᵉ-Iᵉ s. av. J.-C.), parallèlement à l'évolution des tactiques de combat et à l'influence croissante des modèles méditerranéens (italiques, puis romains). À la fin de La Tène C2, le système de suspension par chaînes métalliques aurait été - au moins partiellement - remplacé par des éléments de cuir (ceintures ou sangles), associés à des anneaux, boucles ou crochets métalliques (Brunaux & Lambot, 1987). Cette évolution pourrait correspondre à une adaptation au combat en ligne plus dense, ou à une influence croissante de l'équipement des cavaliers.