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Cybèle / Κυϐέλη (ou Magna Mater, "Grande Mère") - Déesse phrygienne adoptée dans tout le monde romain. Elle est associée à la fertilité, à la nature sauvage, aux montagnes et aux rochers sacrés, et parfois à la protection des villes et des armées. Elle est souvent représentée sur un trône, entourée de lions ou de panthères, symboles de sa puissance.

Le culte de Cybèle est organisé autour de différentes catégories de prêtres : les Attides, assistants ou officiants attachés au culte, et les Battaces, prêtres initiés ou chantres, responsables des rituels musicaux et cérémoniels. Les cérémonies incluent des processions, des musiques rituelles, des cérémonies nocturnes, et parfois des pratiques de dévotion extrême, comme la castration volontaire, typique des Gallophrygiens ou Galli. D'origine phrygienne, le culte se diffuse largement dans l'Asie Mineure, puis chez les Grecs et Romains, avant de s'étendre progressivement dans l'ensemble de l'Empire romain.

À Pessinonte, le sanctuaire phrygien de la Mère des Dieux est desservi par des prêtres spécialisés, mentionnés par les sources antiques comme Attis et Battacos. Dans la tradition romaine, ces titres désignent deux catégories de prêtres : les Attides, assistants ou officiants, et les Battaces, chantres et rituels initiés. Polybe (Histoire générale, XXI, 37) rapporte que des Galates portant ces insignes sacrés se présentent au consul Manlius Vulso pour annoncer la faveur de la déesse et garantir victoire et puissance, tandis que Tite-Live (Histoire romaine, XXXVIII, 18) décrit des prêtres gaulois chantant pour soutenir l'armée romaine. Cicéron (De la réponse des haruspices, XIII, 28) mentionne des Galates impliqués dans la gestion du sanctuaire, comme Brogitaros et Dejotaros, illustrant le rôle politique et diplomatique de ces officiants. Lactance (Institutions divines, I, 17) souligne l'adoption du culte par des prêtres gaulois, qui instituèrent une fête en l'honneur d'Attis pour consoler la déesse, tandis que la Passion de Saint Symphorien montre que le culte continuait à mobiliser la population dans la Gaule romaine.

Le culte de Cybèle et d'Attis ne se limite pas à Pessinonte : il se diffuse largement dans le monde celtique et gaulois, en s'adaptant aux contextes locaux. Tacite (Germanie, 45) rapporte que les Estyens, tribu balte, adorent la Mère des Dieux, utilisant le sanglier comme symbole protecteur, et leur prête une langue "semblable à celle des Bretons", ce qui reflète probablement une mauvaise interprétation romaine, les populations locales parlant des langues non celtiques, probablement finno-ougriennes. En Gaule, à Autun, la Passion de Saint Symphorien décrit des processions mobilisant toute la ville et honorant Cybèle aux côtés d'autres divinités gréco-romaines, soulignant la coexistence et l'intégration du culte dans le panthéon urbain. Ces adaptations montrent que, bien qu'originaire de Phrygie, le culte de Cybèle devient un élément de prestige, de protection et de cohésion sociale pour les populations celtiques et gauloises, tout en conservant certains rites et symboles caractéristiques de son origine orientale.