Ilurberrixus - Théonyme supposé, attesté par plusieurs inscriptions d'origine pyrénéenne généralement interprétées comme votives, mises au jour : à Escunhau (Vielha e Mijaran, Catalogne, Espagne) ; à Saint-Pé-d'Ardet (Haute-Garonne) ; et à Tibiran-Jaunac (Hautes-Pyrénées). N. Jufer & Th. Lüginbuhl (2001), l'intègrent à leur liste de divinités celtiques.
Dessin : d'après J. Sacaze (1892).
À Escunhau (Catalogne, Espagne)
Anderexus serait, selon une interprétation traditionnelle, une divinité assimilée à Ilurberrixus. Le nom pourrait être rapproché du composé celtique ande-rix ("le grand roi") (Delamarre, 2007 ; Potel-Belner, 2018), ce qui donnerait un sens compatible avec une qualification divine.
En revanche, Ilurberrixus semble manifestement d'origine basque (iluro-berri "ville neuve" ; Sacaze, 1892). Une épiclèse celtique associée à une divinité basque non loin des Convènes - population pluriethnique - n'est pas impossible, mais demeure conjecturale.
J. Sacaze (cité par Mowat, 1883) suggérait déjà que Anderexo pourrait désigner une femme dédiante d'un monument à une divinité dont le nom est perdu : "Je verrai dans Anderexo le nom de la personne qui dédie le monument, probablement une femme. [...] Nous ne possédons que les deux premières lignes du texte ; la filiation d'Anderexo et la formule votive se trouvaient à la suite...".
Si l'on suit strictement cette interprétation, l'inscription aurait présenté en premier lieu le théonyme Ilurberrixus, suivi du nom de la dédicante Anderexus, tandis que la filiation et la formule votive auraient été perdues. Toutefois, cette reconstruction demeure indémontrable. L'inscription pourrait tout aussi bien être de nature funéraire, bien que l'association d'un nom masculin et d'un nom féminin reste difficile à expliquer dans ce cadre.
À Saint-Pé-d'Ardet (Haute-Garonne)
L'inscription de Saint-Pé-d'Ardet, dont le texte a été reconstruit en référence à celle d'Escunhau, illustre le risque de circularité interprétative : une inscription ambiguë peut orienter la lecture d'autres inscriptions et conduire à des reconstructions biaisées. Dans ce cas précis, l'inscription d'Escunhau a très probablement influencé la restitution de celle de Saint-Pé-d'Ardet. Or, la lecture même de l'inscription d'Escunhau est remise en question : son caractère votif n'est pas assuré - elle pourrait tout aussi bien être funéraire - et, si elle est votive, elle ne mentionnerait possiblement que le nom de la dédicante, sans élément cultuel explicite. La dépendance de l'interprétation de Saint-Pé-d'Ardet à une lecture incertaine d'Escunhau fragilise ainsi l'ensemble du raisonnement. Ce constat implique la nécessité d'une analyse indépendante de chaque inscription, sans recours systématique à des parallèles interprétatifs non solidement établis.
À Tibiran-Jaunac (Hautes-Pyrénées)
À Tibiran-Jaunac, l'inscription ne livre qu'un nom supposé de divinité (Ilurberrixio ou Iluberrixionus). De surcroit, ce nom relève très vraisemblablement de l'onomastique basco-aquitanique et ne présente aucun caractère celtique. Cette donnée, trop fragmentaire, ne permet pas de déterminer avec certitude la nature du nom. Une fois encore, l'interprétation votive repose par analogie sur l'inscription d'Escunhau, entraînant une problématique similaire à celle soulevée pour Saint-Pé-d'Ardet.
En conclusion
Ilurberrixus peut tout aussi bien être interprété comme un théonyme que comme un anthroponyme, mais certainement pas comme un nom d'origine celtique. Le composé iluro-berri se résout aisément en basque et signifierait "ville neuve". Une telle formation paraît davantage appropriée à un théonyme topique (lié à un lieu), plutôt qu'à un nom de personne.