Les Tigurins anéantissent les légions de Lucius Cassius [-107]
Les Tigurins anéantissent les légions de Lucius Cassius.
Il semble que ce soit vers 107 av. J.-C., que les Tigurins opérant pour leur propre compte sous la conduite de Divico, infligent une cuisante défaite aux légions romaines, tuant le consul Lucius Cassius et son lieutenant L. Pison, massacrant une grande partie de ses troupes, prenant des otages et faisant passer le reste de l'armée sous le joug. Les Tigurins ont accordé la vie sauve aux romains qui ont accepté de rejoindre l'armée victorieuse. Deux traditions s'opposent pour situer cette bataille. Certains la situent sur les bords de la Garonne dans la région d'Agen, sur le territoire des Nitiobroges, voisins des Volques Tectosages révoltés. Il semble néanmoins y avoir quelques difficultés dans la traduction du texte de Tite-Live. Certains auteurs (notamment A. Thierry, 1845) lisent in finibus allobrogum tandis que d'autres lisent in finibus nitiobrogum ce qui offre une autre possibilité, celle d'une victoire des Tigurins " aux frontières du territoire des Allobroges ", à proximité du lac Léman.
Tite-Live, Périoché, LXV: "Le consul L. Cassius est taillé en pièces avec son armée, sur les frontières des Allobroges par les Gaulois Tigurins, peuplade helvétique qui s'était séparée du reste de la nation. Les soldats qui avaient échappé à ce désastre entrent en composition avec les ennemis, et obtiennent la vie sauve en livrant des otages et la moitié de tout ce qu'ils possèdent."
Appien, extrait des Celtiques, III: "Quant à César, lorsqu'il leur fit la guerre, commença par une victoire sur les Helvètes et les Tigurins au nombre d'environ vingt myriades. Or, les Tigurins antérieurement ayant fait prisonnière une armée, sous les ordres de Pison et de Cassius, l'avaient fait passer sous le joug. C'est du moins l'opinion de Paulus Claudius dans ses Annales."
Jules César, La guerre des gaules, I, 12: "Ils appartenaient au canton des Tigurins ; car tout le territoire de l'Helvétie est divisé en quatre cantons. C'étaient ceux de ce canton qui, dans une excursion du temps de nos pères, avaient tué le consul L. Cassius et fait passer son armée sous le joug. Ainsi, soit effet du hasard, soit par la volonté des dieux immortels, cette partie des citoyens de l'Helvétie, qui avait fait éprouver une si grande perte au peuple romain, fut la première à en porter la peine. César trouva aussi dans cette vengeance publique l'occasion d'une vengeance personnelle ; car l'aïeul de son beau-père, L. Pison, lieutenant de Cassius, avait été tué avec lui par les Tigurins, dans la même bataille."
Jules César, La guerre des gaules, I, 14: "Ceux-ci [les Helvètes], effrayés de son arrivée soudaine, et voyant qu'il lui avait suffi d'un seul jour pour ce passage qu'ils avaient eu beaucoup de peine à effectuer en vingt jours, lui envoient des députés ; à la tête de cette députation était Divico, qui commandait les Helvètes à la défaite de Cassius. Il dit à César que, "si le peuple romain faisait la paix avec eux, ils se rendraient et s'établiraient dans les lieux que leur aurait assignés sa volonté ; mais que, s'il persistait à leur faire la guerre, il eût à se rappeler l'échec passé de l'armée romaine et l'antique valeur des Helvètes ; que pour s'être jeté à l'improviste sur un seul canton, lorsque leurs compagnons, qui avaient passé la rivière, ne pouvaient lui porter secours, il ne devait nullement attribuer cet avantage à son courage, ni concevoir du mépris pour eux ; qu'ils avaient appris de leurs pères et de leurs ancêtres à se fier à leur valeur plutôt qu'à la ruse et que d'avoir recours aux embuscades ; qu'il prît donc garde que ce lieu où ils se trouvaient, marqué par le désastre des Romains et la destruction de leur armée, n'en tirât son nom et n'en transmit le souvenir à la postérité."
La victoire des Tigurins est l'un des événements les plus marquant de cette invasion. Cette affrontement dans le sud-ouest de la Gaule semble initier une série de raids menés en direction de la péninsule ibérique. Comment réagirent les peuples gaulois asservis depuis alors une vingtaine d'années à Rome ? Une très nette opposition apparaît entre des cités gauloises favorables à la présence germanique et d'autres rigoureusement opposées.