Important peuple Belge du Soissonnais, leur capitale était l'oppidum de Noviodunum (Soissons). Ils avaient pour clients les Meldes, les Silvanectes et les Viromanduens, et étaient étroitement liés avoir leurs voisins les Rèmes, ils auraient vecu, selon J. César, "sous les mêmes lois", "le même chef de guerre", et "le même magistrat".
Ils avaient eu pour roi avant la guerre des Gaules, Diviciacos, qui aurait, selon César, dominé la Bretagne et une grande partie de la Gaule.
Ils participèrent à la coalition des peuples belges en 57 avant J.-C. en fournissant un contingent de cinquante mille hommes. Leur roi Galba se voyant confier le commandement général. Ils ne sont pas mentionnés parmi les peuples ayant fourni des hommes à l'armée de secours en 52 avant J.-C.
En 51 avant J.-C., Corréos le Bellovaque, et Commios l'Atrèbate avaient l'intention d'attaquer leur territoire, Jules César prévenu, s'empressa d'envoyer quatre légions pour les protéger.
Françoise Bader donne pour étymologie: "ceux qui se sont appropriés leur territoire". Xavier Delamarre: "Ceux qui ont six troupes". Léon Fleuriot: "Ceux qui sont riches en nourriture".
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, II, 3 :"Son arrivée fut imprévue et personne ne s'attendait à tant de célérité ; les Rèmes, voisins immédiats des Belges, lui députèrent Iccios et Andocumborios, les premiers de leur cité, chargés de lui dire qu'ils se mettaient eux et tout ce qu'ils possédaient sous la foi et pouvoir du peuple romain, qu'ils n'avaient point voulu se liguer avec les autres Belges, ni prendre part à cette conjuration contre les Romains ; qu'ils étaient prêts à donner des otages, à faire ce qui leur serait ordonné, à le recevoir dans leurs places, à lui fournir des vivres et tous autres secours ; que tout le reste de la Belgique était en armes ; que les Germains, habitant en deçà du Rhin, s'étaient joints aux Belges et que telle était la fureur de cette multitude, qu'eux-mêmes, frères et alliés des Suessions, obéissant aux mêmes lois, ayant le même gouvernement et les mêmes magistrats, n'avaient pu les détourner d'entrer dans la confédération."
César, Guerre des Gaules, II, 4 :"Les Suessions, leurs voisins, possédaient un territoire très étendu et très fertile ; ils avaient eu pour roi, de notre temps encore, Diviciacos, le plus puissant chef de la Gaule, qui à une grande partie de ces régions joignait aussi l'empire de la Bretagne. Galba était maintenant leur roi, et le commandement lui avait été déféré d'un commun accord, à cause de son équité et de sa sagesse. Ils possédaient douze villes, et avaient promis cinquante mille hommes."
César, Guerre des Gaules, II, 12 :"Le lendemain, César, avant que l'ennemi se fût rallié et remis de sa terreur, dirigea son armée vers le pays des Suessions, contigu à celui des Rèmes, et, après une longue marche, arriva devant la ville de Noviodunum. Il essaya de l'emporter d'assaut, sur ce qu'il avait appris qu'elle manquait de garnison ; mais la largeur des fossés, la hauteur de ses murs défendus par un petit nombre d'hommes, l'empêchèrent de s'en rendre maître. Il retrancha son camp, et se mit à faire des mantelets et à disposer tout ce qui était nécessaire pour le siège. Pendant ces préparatifs, tous ceux des Suessions qui avaient échappé à la défaite entrèrent la nuit suivante dans la place. On pousse aussitôt les mantelets contre les murs, on élève la terrasse, on établit les tours. Les Gaulois, effrayés de la grandeur de ces travaux qu'ils n'avaient jamais vus, dont ils n'avaient jamais entendu parler, et de la promptitude des Romains à les exécuter, envoient des députés à César pour traiter de leur reddition ; et, sur la prière des Rèmes, ils obtiennent la vie sauve."
César, Guerre des Gaules, II, 13 :"César reçut pour otages les principaux de la ville, les deux fils du roi Galba lui-même, se fit livrer toutes les armes de la place, accepta la soumission des Suessions, et marcha avec son armée contre les Bellovaques."
César, Guerre des Gaules, VIII, 6 :"De nombreuses députations des Rèmes l'avertissaient que les Bellovaques, dont la gloire militaire surpassait celle de tous les Gaulois et des Belges, levaient, de concert avec les nations voisines, et rassemblaient, sous les ordres du Bellovaque Corréos et de l'Atrébate Commios, une armée qui devait fondre en masse sur les terres des Suessions. Jugeant alors qu'il n'importait pas moins à sa sûreté qu'à son honneur de préserver de toute injure des alliés qui avaient toujours si bien mérité de la république, il fait de nouveau sortir de ses quartiers la onzième légion, écrit à C. Fabius d'amener sur les frontières des Suessions les deux légions qu'il avait, et demande à T. Labiénus l'une des deux siennes. C'est ainsi que, perpétuellement occupé lui-même, il répartissait le fardeau des expéditions entre les légions, à tour de rôle, et autant que le permettaient la situation des quartiers et le bien du service."
Pline, Histoire naturelle, IV, 106 :"A l'Escaut, l'extérieur est habité par les Toxandres, divisés en plusieurs peuplades ; puis viennent les Ménapiens, les Morins, les Oromansaques, attenants au bourg appelé Gessoriacum ; les Bretons, les Ambianiens, les Bellovaques ; dans l'intérieur, les Catusiuges, les Atrébates, les Nerviens, libres ; les Véromanduens, les Suécons, les Sassions, libres ; les Ulmanètes, libres ; les Tongres, les Sunuques, les Frisiabons, les Betases, les Leuciens, libres ; les Trévères, libres auparavant, alliés maintenant ; les Lingons, alliés ; les Rèmes, alliés ; les Médiomatriques, les Séquanes, les Rauriques, les Helvétiens : colonies, Équestris et Raurica ; sur le Rhin, peuplades germaniques habitant la Gaule Belgique : les Némètes, les Triboques, les Vangions ; puis les Ubiens, la colonie d'Agrippine, les Gubernes, les Bataves, et ceux dont nous avons parlé à propos des îles du Rhin."
Strabon, Géographie, IV, 3, 5 :"À l'O. des Trévires et des Nerviens habitent les Sénons et les Rèmes, auxquels il faut ajouter les Atrébatiens et les Éburons ; puis, à la suite des Ménapes, sur le littoral même, viennent les Morins, et, après eux, les Bellovaques, les Ambianiens, les Suessions et les Calètes jusqu'à l'embouchure du Sequanas. Le pays des Morins, des Atrébatiens et des Éburons offre le même aspect que celui des Ménapes, l'aspect d'une forêt, mais d'une forêt d'arbres très peu élevés, qui, tout en présentant une superficie considérable, n'a pourtant que les 4000 stades d'étendue que les historiens lui donnent."
Strabon, Géographie, IV, 4, 3 :"À ce titre, le premier rang, dit-on, appartient aux Belges, confédération de quinze peuples répandus le long de l'Océan entre le Rhin et la Loire, et assez vaillants en effet pour avoir pu à eux seuls arrêter l'invasion germanique, j'entends celle des Cimbres et des Teutons. Parmi les Belges mêmes, les Bellovaques sont réputés les plus braves, et, après les Bellovaques les Suessions. Les Belges sont d'ailleurs extrêmement nombreux, on peut en juger par ce que disent les historiens qu'ils comptaient anciennement jusqu'à 300.000 hommes pouvant porter les armes."
Sources épigraphiques
Borne leugaire de Champlieu (Orrouy) (1) (CIL 17-02, 521) [IMP(ERATORI) CAES(ARI) M(ARCO) ANTONIO GORDI]ANO [PIO] FELIC(I) [INVIC(TO) AV]G(VSTO) AB [AVG(VSTA) S(VESSIONVM) L(EVGAS) ...]X
"À l'empereur César Marcus Antonius Gordianus, pieux, heureux, invincible Auguste. Jusqu'à Augusta des Suessions, [...] lieues."
"À l'empereur Marcus Iulius Philippus, Auguste et à Marcus Iulius Philippus, nobilissime César. Jusqu'à Augusta des Suessions, 10 lieues."
Borne leugaire de Champlieu (Orrouy) (3) (CIL 17-02, 523) I[MP(ERATORIBVS) C]AESAR(IBVS) G(AIO) VIB[I]O TREBONI[AN]O GALLO ET [G(AIO) VI]BIO AFINIO GAL[LO VELDVM]NIANO VO[LVSIANO P(IIS) F(ELICIBVS) AVG(VSTIS) AB A(VGVSTA)] S(VESSIONVM) L(EVGAS) ...]
"Aux empereurs Césars Gaius Vibius Trebonius Gallus et Gaius Vibius Afinius Gallus Veldumnianus Volusianus, pieux, heureux, Augustes. Jusqu'à Augusta des Suessions, [...] lieues."
"[...] Crispus, (fils de ?) Boud[...], Ramedon[...], [?], Caradiitonius [?], Selanus Seboddu[...], fille de Remus, [...]druta, de Gisacum, citoyen suession."
"L'empereur César Marcus Aurelius Antoninus, pieux, heureux, Auguste, grand parthique, grand britannique, grand pontife, 16 fois revêtu du pouvoir tribunicien, impérator, prince de la jeunesse, le plus fort et le plus heureux, grand prince, pacificateur du Monde, a restauré les routes et ponts écroulés de vétusté. Jusqu'à Augusta (des Suessions), [...] lieues."
"À Lucius Cassius Melior, suession, parvenu parmi les siens à tous les honneurs, inquisiteur des Gaules. Les 3 Provinces des Gaules (ont élevé ce monument)."
Borne leugaire de Maizy (CIL 17-02, 504 ; 13, 9030) [IMP(ERATORI) CAES(ARI)] M(ARCO) [AVR(ELIO) ANTONINO] PIO AVG(VSTO) B[RI]TANN(ICO) MAX(IMO) TRIB(VNICIA) POT(ESTATE) XIIII(!) IMP(ERATORI) II CO(N)S(VLI) IIII P(ATRI) P(ATRIAE) PR[O]CO(N)S(VLI) AB [AVG(VSTA) SVESS(IONVM) LEVG(AS) ?]
"À l'empereur César Marcus Aurelius Antoninus, pieux, Auguste, grand Britannique, 14 fois revêtu du pouvoir tribunicien, 2 fois imperator, 4 fois consul, père de la patrie, proconsul. Jusqu'à Augusta des Suessions, [...] lieues."
Borne leugaire de Tongres (CIL 17-02, 675 ; 13, 9158)
?] COL(ONIA) AGRIPPIN(ENSIVM)] L(EVGAS) XI [BONNA] L(EVGAS) VIIII [RIGO]MAGVS L(EVGAS) VIII [ANTV]NNACVM L(EVGAS) VIII [CONF]LVENTES L(EVGAS) VIII [BO]VDOBRIGA L(EVGAS) VIII [VO]SOLVIA L(EVGAS) VIII [B]INGIVM L(EVGAS) XII [MO]GONTIAC(VM) L(EVGAS) VIIII [BV]CONICA L(EVGAS) XI [BORB]ETOMAG(VS) [L(EVGAS) ...] [...
...] L(EVGAS) XV [MOSA] L(EVGAS) XV [NOV]IOMAG(VS) L(EVGAS) XII DVROCORTER(VM!) L(EVGAS) XII AD FINES L(EVGAS) XII AVG(VSTA) SVESSIONVM L(EVGAS) XVI ISARA L(EVGAS) VIIII ROVDIVM L(EVGAS) VIII SEFVLAE L(EVGAS) [...] SAMARABRIVA [L(EVGAS) ...] [...
...] ITEM A CAS TELLO FINES ATREBATIVM L(EVGAS) XIIII NEMETAC(VM) L(EVGAS) [...] ITEM A BA[GACO(?)] [...
"À la déesse Minerve. Restitutus, fils de Gatus, suession, fondeur, s'est acquitté de son voeu, de bon gré, comme il se doit."
Borne de Venizel (CAG-02, p 475) [IMP(ERATORI) CAES(ARI) C(AIO)] IVLIO [VERO MAXI]MINO PIO [FEL(ICI)] INVICTO [A]VG(VSTO) PATRI PATRI[A]E TRIBVNICIA POT[E]STATE S AB [A]VG[V]STA SV[ESSIONVM]
"L'empereur César Caius Iulius Verus Maximinus, pieux, heureux, invincible Auguste, père de la patrie, revêtu du pouvoir tribunicien. Jusqu'à Augusta des Suessions, [...]."
Borne leugaire de Vic-sur-Aisne (CIL 17-02, 506 ; 13, 9028) IMP(ERATORI) CAES(ARI) M(ARCO) AVRELIO ANTONINO PIO AVG(VSTO) BRITANNICO MAX(IMO) TRIB(VNICIA) POT(ESTATE) XIIII(!) IMP(ERATORI) II CO(N)S(VLI) IIII P(ATRI) P(ATRIAE) PROCO(N)S(VLI) AB AVG(VSTA) SVES(SIONVM) LEVG(AS) VII
"L'empereur César Marcus Aurelius Antoninus, pieux, Auguste, grand britannique, 14 fois revêtu de la charge tribunicienne, 2 fois imperator, 4 fois consul, père de la patrie, proconsul. Jusqu'à Augusta des Suessions, 7 lieues."