Ingaunes [Albingaunenses] - Peuple ligure ayant étendu son territoire entre les Alpes ligures et le littoral. Leur capitale était Albium Ingaunum (Albenga).
Pline, Histoire Naturelle, III, 7: " A partir du Var on trouve Nice, ville fondée par les Marseillais: le fleuve Palo (Paillon) ; les Alpes et les peuples alpins portant un grand nombre de noms, particulièrement les Chevelus; le peuple des Védiantiens, et Cémélion (Cimiez) leur ville; le port d'Hercule Monoecus (Monaco), la côte de Ligurie. Ligures les plus célèbres: au delà des Alpes, les Salluviens, les Déciates, les Oxubiens; en deçà des Alpes, les Vénènes, les Vagiennes descendants des Caturiges; les Statyelles, les Vibelles, les Magelles, les Euburiates, les Casmonates, les Véliates, et ceux dont nous nommerons toutes les villes en parlant du rivage suivant; le fleuve Rutuba (la Roya ?); la ville Albium Intémelium (Vintimille), le fleuve Merula (La Centa); la ville Albium Ingaunum (Albenga) ; le port Vadum Sabatium; le fleuve Porcifera, Gênes; le fleuve Feritor, le port du Dauphin ; Tigullia; dans l'intérieur: Segestia des Tigullins; le fleuve Macra, limite de la Ligurie [?]."
Strabon, Géographie, IV, 6, 1: "Ajoutons qu'à 370 stades de Sabata est la ville d'Albingaunum où habite la tribu ligyenne des Ingaunes, et que, dans l'intervalle de 480 stades qui sépare cette ville du port de Monoecus (Monaco), s'élève Albium Intemelium (Vintimille), autre ville considérable habitée par les Intéméliens."
Strabon, Géographie, IV, 6, 2: " Et l'on en conclut que, comme les Ligyens se divisaient en Ingaunes et en Intéméliens, on a bien pu, pour distinguer les deux colonies ou établissements fondés par ce peuple sur le bord de la mer, appeler l'un Albium Intemelium, autrement dit l'Intemelium des Alpes, et l'autre (Albium Ingaunum) ou mieux Albingaunum par manière de contraction. Notons cependant qu'à ces deux tribus ou divisions de la nation Ligyenne Polybe en ajoute deux autres, la tribu des Oxybiens et celle des Déciètes."
Les Ingauni sont évoqués par Tite-Live (XXVIII, Histoire romaine, 45, 9-13), lorsque Magon, fils d'Hamilcar mis le pied en Ligurie (été 205 av. J.-C.). C'est d'ailleurs de leur territoire que ce même Magon quittera l'Italie mortellement blessé en 203 av. J.-C. En 201 av. J.-C., on trouve les Ingauni alliés au consul C. Ampius contre les Boïens (Tite-Live, Histoire romaine, XXXI, 2, 11). Ils sont de nouveau mentionnée lors de l'été 185 av. J.-C., alors que le consul Appius Claudius réprime une révolte sur leur territoire (Tite-Live, Histoire Romaine, XXXIX, 32). Au printemps 181 av. J.-C., ils attaquent le camp du Proconsul L. Aemilius Paulus (Tite-Live, XL, 25, 1-7) établi à leur frontière, mais furent rapidement vaincus avec l'aide de Baebius et Postumius (Tite-Live, Histoire romaine, XL, 34, 7-12 et Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, II, 3)
Tite Live, Histoire Romaine, XXVIII, 45, 9-13: "9. Les Ingauni - une peuplade ligure - faisaient à ce moment la guerre aux montagnards Epanterii. 10. Aussi le Carthaginois, déposant son butin à Savone, ville alpine, et laissant dix bateaux de guerre en station pour le garder, renvoya les autres à Carthage afin d'en défendre les côtes, le bruit courant que Scipion allait passer la mer, 11. et, s'alliant avec les Ingauni, dont il préférait l'amitié à celle des Montagnards, entreprit d'attaquer ceux-ci; et son armée augmentait chaque jour, les Gaulois affluant de tous côtés au bruit de son nom. 12. Ce fait, qu'annonça une lettre de Spurius Lucretius, fit craindre aux sénateurs de s'être réjouis en vain, deux ans avant, du massacre d'Hasdrubal et de son armée, si une autre guerre aussi grave, où le général seul aurait changé, naissait de l'arrivée de Magon; et il provoqua chez eux de grands soucis. 13. C'est pourquoi ils ordonnèrent au proconsul Marcus Livius d'amener, d'Étrurie, son armée de volontaires esclaves vers Ariminum, et chargèrent le préteur Cneius Servilius, s'il le jugeait utile à l'état, d'envoyer de Rome deux légions urbaines, en en confiant le commandement. à qui il voudrait. Marcus Valerius Laevinus conduisit ces légions à Arretium."
Tite Live, Histoire Romaine, XXXI, 2, 11: "11. Celui-ci se contenta de ravager les frontières des Boïens, fit un traité d'alliance avec les Ligures Ingaunes, et revint à Rome sans s'être signalé dans sa province par aucune autre entreprise."
Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, II, 3: "Les Ligures, retranchés au fond des Alpes, entre le Var et la Macra, et cachés au milieu de buissons sauvages, étaient plus difficiles a trouver qu'à vaincre. En sécurité dans leurs retraites et par la promptitude à fuir, cette race infatigable et agile, se livrait à l'occasion plutôt au brigandage qu'à la guerre. Salyens, Décéates, Oxybiens, Euburiates, Ingaunes, tous surent éluder longtemps et souvent la rencontre de nos armées; enfin, Fulvius entoura leurs repaires d'un vaste incendie; Baebius les fit descendre dans la plaine, et Postumius les désarma totalement si bien qu'à peine leur laissa-t-il du fer pour cultiver la terre."
Tite Live, Histoire Romaine, XXXIX, 32 : "Ap. Claudius ne fut pas moins heureux que son collègue et ne montra pas moins de bravoure contre les Ligures Ingaunes, qu'il vainquit en plusieurs rencontres. Il emporta aussi d'assaut six de leurs places fortes, fit plusieurs milliers de prisonniers, et livra au bourreau quarante-trois des principaux instigateurs de la révolte."
Tite Live, Histoire Romaine, XL, 25 : "Pendant que la Macédoine était le théâtre de ces événements, L. Aemilius Paulus, continué comme proconsul dans son commandement, entra dès les premiers jours du printemps avec son armée sur le territoire des Ligures Ingaunes. À peine a-t-il établi son camp sur leurs frontières que des envoyés vinrent le trouver, sous prétexte de solliciter la paix, mais en réalité pour reconnaître ses forces. Aemilius Paulus répondit qu'il ne traiterait avec eux qu'autant qu'ils feraient d'abord leur soumission. Ils parurent assez disposés à lui obéir; seulement ils demandèrent du temps pour faire comprendre cette nécessité à leurs farouches compatriotes. Le proconsul ayant consenti à une trêve de dix jours, ils le prièrent encore de ne pas envoyer ses soldats recueillir du bois et du fourrage au-delà des montagnes voisines, sous prétexte que cette partie du territoire était en pleine culture. On le leur accorda également. Alors ils rassemblèrent toutes leurs forces derrière ces montagnes, dont ils avaient su écarter les Romains, fondirent tout à coup en masse sur le camp et attaquèrent toutes les portes à la fois. Ils déployèrent la plus grande vigueur dans cet assaut qui dura un jour entier; les Romains n'eurent ni le temps de sortir hors de leurs lignes, ni la place de se former en bataille. Ils se pressaient en foule aux portes, et défendaient leur camp plutôt en faisant un rempart de leurs corps qu'en combattant. Vers le coucher du soleil, les ennemis se retirèrent."
Tite Live, Histoire Romaine, XL, 34 : "Vers la même époque, le proconsul Aemilius Paulus triompha des Ligures Ingaunes. Il fit porter devant lui vingt-cinq couronnes d'or: ce furent les seuls objets de prix qui parurent à ce triomphe. Une foule de captifs de distinction précédèrent le char du vainqueur. Chaque soldat reçut une gratification de trois cents as. Ce qui rehaussa la gloire de ce triomphe, ce fut la présence d'une ambassade de Ligures qui venait demander une paix perpétuelle et déclarait que les Ligures avaient résolu de ne plus prendre les armes que sur l'ordre du peuple romain. Le préteur Q. Fabius répondit au nom du sénat "que ce langage n'était pas nouveau dans la bouche des Ligures, mais qu'ils étaient plus intéressés que personne à mettre leurs sentiments en harmonie avec leurs paroles; qu'ils n'avaient qu'à se présenter aux consuls et à exécuter leurs injonctions; que le sénat s'en rapporterait à ces magistrats et pas à d'autres, sur la sincérité des dispositions pacifiques des Ligures." On eut donc la paix en Ligurie."